Grisaille, Rouille-ta-bille et Triste-mine... Arrivée aux portes de la cité.

Tranquillement assoupit entre les coussins de son majestueux trône de fer et d'airain, le Seigneur des "Terres de Calomnies", petite province du Sud-Ouest du monde civilisé fut dérangé dans une sieste bien méritée par un importun messager à cheval. Après avoir sermonné celui ci sur l'importance absolue de Sa Sieste Seigneuriale ainsi que sur la présence d'un animal sous tout autre forme que cuisiné dans la salle du trône, le jeune souverain prétentieux d'un territoire pas plus grand que son Estimable Fainéantise, écouta ce que le pâle cavalier avait à lui dire. Et qu'était-ce ? Un ramassis d'âneries sur des envoyés célestes et des pouvoirs divins dont il n'avait que faire. Des histoires à dormir debout comme en sèment les conteurs, devins et autres crétins mensongers que le nom de sa Seigneurie attiraient régulièrement. L'homme partit après avoir tout de même mentionné la présence d'une individu ailée qui avait délivré le parchemin; le seigneur se rendormit aussi sec.
Quelques heures plus tard, il se réveilla troublé par la dernière remarque de son messager. Sans cesse lui revenait à l'esprit les images fantasmagoriques qu'il se faisait de ces émissaires ailés au service d'une entité supérieur qui semblait leur apporter quelques contre-parties à leur soumission. Lui qui ne croyait en rien, lui qui n'avait foi qu'en la nourriture et le sommeil, le voilà à rêver à des êtres entre mythes et religions. Il eut préféré d'ailleurs qu'elles soient mythiques, car pour lui le mythe avait bien plus d'importance, d'un point de vu purement explicatif, que la foi.
Il se redressa lentement et songeur, fit quelques pas dans la pièce. Il prit une grande inspiration et, se dirigea vers ses appartements. Voilà quelques temps qu'il n'avait pas quitté ses terres, et la mission qu'il allait entreprendre était d'un nouveau genre. Il prit quelques temps pour réfléchir et, une fois décidé appela le chef du village, autorité directement située sous lui. Il expliqua son entreprise à celui-ci et lui confia la gestion des terres pour les jours qui allaient suivre. De même, il confia la gestion des armées à son fidèle paladin. Voilà qui était fait, il avait très rapidement planifié la gestion de ses terres pour son absence, et récolté les informations nécessaire pour trouver la cité des Archanges, cité dont il semblait être le seul à ignorer l'existence auparavant.
Dans la lenteur nonchalante qui avait jusqu'à présent définit son existence, il décrocha son épée du mur et la sortie du fourreau pour en inspecter la lame, fidèle à elle même, elle avait Triste-mine. Puis il enfila un par un les morceaux de son armure dont l'état déplorable était dénoncée par son surnom "Rouille-ta-bille" et enfin, se dirigeant vers les écuries, il sortit sa jument à la robe terne qu'il avait nommé Grisaille et l'équipa avec amour. Cela faisait tout juste cinq heures qu'il avait reçu le message de ces inconnus, et pourtant il partait déjà vers les portes de leur cité, à la nuit tombée, seul et dans une tenue peu convenable au combat. Il montait, il partait, il n'était plus là.

C'est après une trotte qui parut une éternité pour ses muscles endoloris par le manque d'exercice, le saut de ses nombreuses siestes quotidiennes ainsi qu'une épique épopée hippique, que le Seigneur arriva aux portes de la cité des Archanges. Sans prendre la peine de l'observer, car il était certain que c'était elle, et il était certain qu'il aurait tout le temps qu'il souhaitait pour le faire, il se dirigea vers le poste de garde et frappa trois coups sur le volet fermé de celui-ci en criant plus fort qu'il ne l'eut souhaité.

"- Moi, sir Simflouz d'Omaxiphallus, seigneur ambitieux des Terres de Calomnies, ait reçu une missive délivrée par une individu ailée suspecte qui, semblerait il, venait de cette cité. Moi, sir Simflouz d'Omaxiphallus, ait prit la décision de venir à la rencontre de la cité des Archanges pour apaiser la curiosité que ceux-ci ont attisés en moi. Ainsi, je demande à pénétrer dans votre cité ou, si possible, à discuter avec d'éminents paroissiens de celle-ci."